La boxe arrive au ciné-club pour un nouveau cycle musclé ! Un voyage thématique à travers l’histoire du cinéma, de Visconti à Frederick Wiseman, de la fiction au documentaire, de l’Europe au Japon, en passant, bien sûr, par les Etats-Unis. Boxeurs, cinéphiles et curieux de tous les horizons y trouveront leur compte ! Trois films pour mieux voir et comprendre quelle place un sport de combat comme la boxe, hautement photogénique, peut prendre sur grand écran.

Noir et Blanc.
Pays : Italie, France.
Année : 1960.
Avec : Renato Salvatori, Paolo Stoppa, Roger Hanin.
Rapide synopsis : Fuyant la misère, Rosaria et ses quatre fils quittent l’Italie du Sud pour Milan où vit déjà l’aîné Vincenzo. Chacun tente de s’en sortir à sa façon. Mais l’harmonie familiale est rapidement brisée : Rocco et Simone sont tous les deux amoureux d’une jeune prostituée, Nadia.
Proposition d’analyse
Dans Rocco et ses frères, la boxe occupe une place paradoxale. Il y a, certes, des scènes de combat, impressionnantes par leur cadrage, leur tension, leur vacarme, il y a la sueur des entraînements, la pression des entraîneurs. Mais Rocco n’est pas un film de boxe. C’est un drame dans une Italie de l’après-guerre marquée par la pauvreté, la violence, le déracinement. Et c’est une tragédie familiale, avec de l’amour, de l’excès, de la passion, des crimes, la mort. La boxe, elle, arrive au détour d’une conversation et se transmet d’un personnage à l’autre. Vincenzo, l’aîné, est le premier à avoir essayé, mais il s’y adonne sans grande conviction, « il n’aime pas vraiment ça » et préférerait ne pas voir ses frères enfiler les gants. Mais Nadia, dans sa première et fulgurante apparition, vante les vertus masculines de ce sport et fait naître de nouvelles vocations. Simone ne tarde pas à s’y mettre, avec succès, tandis que le frêle Rocco l’accompagne.
La boxe apparaît alors comme un révélateur des personnages, de leurs caractères et de leurs aspirations. Simone, costaud et paresseux, voit dans ce sport le moyen d’un argent facile mais aussi, et surtout, la clé d’un succès amoureux. Si ces premiers coups sont victorieux, il est bientôt rattrapé par sa lenteur et son manque de discipline et finit, torturé par sa passion malheureuse, par déverser sa haine et sa violence hors du ring, dans la société et dans sa propre famille, contre Rocco. Celui-ci, à l’inverse, a cherché d’autres voies d’intégration et n’est monté, qu’après, sur le ring. Enrôlé dans la compétition malgré lui, il accepte la rigueur et le contrôle de soi qu’exige l’entraînement, et fait rapidement ses preuves jusqu’à devenir le champion et la fierté d’une famille éprouvée. Le portrait et les trajectoires de ces deux frères s’opposent mais se croisent sans cesse, avec une douleur et une brutalité infinies, sur fond d’amour fraternel, de fragilité et de faiblesse. Hors du ring, espace circonscrit aux règles établies, les poings s’échauffent avec désespoir et malheur.
À travers la boxe apparaît donc la violence des passions et la brutalité d’une société où, pour une jeunesse entre exclusion et misère, les repères sont brouillés. Et la passion, subie.