mardi 26 septembre 1995
Les Enchaînés de Alfred Hitchcock (États-Unis, 1946)
mardi 3 octobre 1995
Le Mépris de Jean-Luc Godard (France, 1963)
« Le Mépris est sans doute, avec À bout de souffle, le plus connu des films de Godard. Tourné en 1963 avec Brigitte Bardot (alors au faîte de sa gloire) et Michel Picolli d’après un roman d’Alberto Moravia, c’est aussi l’un des plus marquants de la décennie.
Un grand producteur d’Hollywood, Jack Pallance, invite un jeune réalisateur et sa femme à venir au tournage d’un film (une adaptation de L’Odyssée), dans le but de tempérer l’élitisme d’un vieil artiste du cinéma, en la personne de Fritz Lang.
En espace clos, la décomposition d’un couple et l’isolement d’un artiste au profit de la logique des studios. Au delà des métaphores, un très beau film classique dont les scènes les plus fortes s’impriment pour longtemps en mémoire.
À voir absolument donc, bien sûr, au ciné-club mardi prochain, à 20h30 en salle Dussane. » (Publié dans le BOcal du 29 sept. 1995)
mardi 10 octobre 1995
La Charge héroïque de John Ford (États-Unis, 1949)
« En v.o. She Wore a Yellow Ribbon – Elle portait un ruban jaune, tourné en 1949 pa John Ford avec John Wayne dans le rôle principal, est d’abord un très beau western, peut-être le plus beau, d’un des plus grands cinéastes américains. She Wore a Yellow Ribbon est l’histoire d’un homme qui rate sa sortie (une patrouille massacrée par les Indiens) et, pour se rattraper, retarde son départ au maximum. C’est aussi l’histoire de l’unique fille du Fort, et de son évolution au cœur de l’armée américaine, puisque ce film est le deuxième volet de la trilogie de Ford sur la cavalerie (avec Le Massacre de Fort Apache et Le Sergent noir). C’est enfin l’un des westerns les plus contemplatifs du cinéaste, et celui où la réalité de l’action est la plus soignée – que l’un des acteurs principaux, Ben Johnson, ait été champion du monde de rodéo n’étonnera persone. Un (très) grand film donc. » (Publié dans le BOcal du 5 oct. 1995)
mardi 17 octobre 1995
Le Mariage de Maria Braun de Rainer Werner Fassbinder (Allemagne, 1978)
« Sorti en 1978, Le Mariage de Maria Braun est le troisième volet de la trilogie de Fassbinder sur l’Allemagne nazie et post-nazie. Après Lola et Lily Marleen, c’est encore de la trajectoire d’une femme qu’il s’agit, dans une Allemagne qui, selon Fassbinder, ne parvient toujours pas à accepter son passé. Dans une veine très différente du Secret de Veronika Voss, projeté l’année dernière, on retrouve tous les thèmes chers au cinéaste, dans son premier grand succès commercial. Et comme ce cinéaste est sans doute de ceux qui sont allés le plus loin dans la condamnation-rédemption de leur pays, revenant sans cesse sur son péché originel, qu’il s’agit de plus d’une des personnalités les plus fortes du siècle, qui l’a payé au prix fort (il est mort épuisé avant la quarantaine), et qu’en plus Le Mariage de Maria Braun est un très beau film chaque jour plus important (Hanna Shygulla y est inoubliable), il serait indécent de le rater… » (Publié dans le BOcal du 12 oct. 1995)
mardi 24 octobre 1995
Boudu sauvé des eaux de Jean Renoir (France, 1932)
« Boudu sauvé des eaux est un des plus grands films de Renoir. De la confrontation cocasse entre Boudu, un vieux clodo anarcho, admirablement interprété par Michel Simon, et un bourgeois lettré qui le sauve de la noyade, naît un comédie décapante qui remet en cause l’ordre social… » (Publié dans le BOcal du 19 oct. 1995)
mardi 7 novembre 1995
La Notte de Michelangelo Antonioni (Italie, 1961)
« Après une série de films, en début d’année, réalisés par des cinéastes héritiers, bien que de façon variée, de la mise en scène classique (hollywoodienne), le ciné-club vous propose pour cette rentrée La Notte, un film du réalisateur italien Michelangelo Antonioni.
Sorti au début des années 60, ce film fait partie, avec L’Avventura et L’Éclipse (que nous avions projeté l’année dernière), d’une trilogie qui bouleversa en son temps le monde (alors pas si petit que ça) des amoureux du cinéma.
On peut dire sans exagération qu’il y eut un avant et un après Antonioni : une modernité (littéraire, artistique) s’installait pour longtemps comme pôle incontournable du cinéma occidental, et éveillait déjà ses premières passions. » (Publié dans le BOcal du 2 nov. 1995)
mardi 14 novembre 1995
Tous en scène de Vincente Minnelli (États-Unis, 1953)
« Un des classiques incontestés de la comédie musicale hollywoodienne, produite en 1953 par le génial Arthur Freed, compositeur de chansons puis fondateur d’une équipe de cinéastes responsable de la plupart des chef-d’œuvre du genre musical à la MGM.
Avec The Band Wagon de Vincente Minnelli, le ciné-club poursuit donc son inventaire des genres majeurs du cinéma selon Hollywood.
À la demande de Fred Astaire, les scénaristes ont bâti leur histoire à partir de revues des années30 (la revue qui donne son titre au film avait été interprétée en 1931 par Fred Astaire et sa sœur Adèle). Aussi se sont-ils appliqués à intégrer certaines de ses manies à son rôle, donnant ainsi au film un caractère singulier, personnel, qui manque souvent au genre.
Minnelli, ici, ne cherche pourtant nullement à révolutionner la comédie musicale, et le spectacle auquel on assiste la classe parmi les plus grandes. » (Publié dans le BOcal du 9 nov. 1995)
mardi 22 novembre 1995
Femmes au bord de la crise de nerfs de Pedro Almodovar (Espagne, 1988)
« Ne boudez pas votre plaisir. Laissez vous prendre par un tourbillon de séquences visuelles qui chacune réclame la participation de tous vos sens et dont l’ensemble constitue une photographie remuante d’une société occidentale des années 80 où la dissimulation, le mal-vivre, l’esseulement et l’incommunicabilité entre les êtres prospèrent dans une société de communication censée rendre tout plus proche de chacun.
Venez voir comment un cinéaste peut avoir une réelle maîtrise de ce que nous ne contrôlons malheureusement plus. » (Publié dans le BOcal du 16 nov. 1995)
mardi 28 novembre 1995
L’amour l’après-midi de Eric Rohmer (France, 1972)
« Ce film est le sixième et dernier de la série des contes moraux ; Eric Rohmer clôt ainsi le cycle entamé dix ans plus tôt avec La Boulangère de Monceau. Nous y retrouvons comme dans tous les contes un Narrateur, moraliste tenté par le libertinage, son Élue et une Tentatrice chargée de prouver que le chemin le plus vrai de A à B ne saurait être une ligne droite… La mise en scène, élégante et discrète, associe avec bonheur classicisme de la thématique et modernité des personnages en un tendre ballet où défilent, non sans ironie, Élues, Tentatrices et Entremetteuses issues des cinq premiers contes.
Frédéric (Bernard Verley) trompera-t-il sa chère épouse, Hélène (à la ville Madame Françoise Verley) dont « [la] beauté est le garant de la beauté du monde » puisqu' »en [l’]étreignant [il] étreint toutes les femmes » ? La morale survivra-t-elle à l’amour ou vice versa ? Et quelle morale au fait ? Nous vous convions ce mardi soir (en tout bien tout honneur) à un bijou d’érotisme cérébral qui aurait pu s’intituler « Toutes ces femmes »… » (Publié dans le BOcal du 23 nov. 1995)
mardi 5 décembre 1995
L’Espoir de André Malraux (France, 1939)
« Ce film de 1939 est unique à plus d’un titre dans l’histoire du cinéma. D’abord parce que Malraux, cinéphile passionné, est un des rares français parmi les écrivains célèbres à s’être attaqués à la réalisation d’un film, et non uniquement à l’écriture d’un scénario, et le seul avec Jean Genet dont le film soit resté une référence universelle.
Ensuite parce que si la Condition humaine (et le scénario qui en est tiré) a suscité de nombreux projets d’adaptation, tous avortés (Eisenstein en particulier avait été pressenti par Malraux), si les références cinématographiques abondent dans ses (anti)mémoires, L’Espoir, qui n’est pas une adaptation du roman du même nom (le film a été tourné un peu avant l’écriture du roman), reste l’unique trace d’une expérience : l’art du XXe siècle visité par le témoin des expériences historiques les plus fortes de son époque.
Enfin, parce que ce film a bien sûr été interdit à sa sortien et ce jusqu’à la Libération ; sa ressortie triomphale d’alors, avec celle de Zéro de conduite, n’était pas si simple, conséquence de la présence politique de Malraux, mais également de l’obstination des Ciné-clubs qui, depuis les années 30, s’acharnaient à montrer ce film interdit.
Ce grand classique n’a pas été montré depuis très longtemps, nous sommes donc très, très heureux de le découvrir avec vous. » (Publié dans le BOcal du 30 nov. 1995)
mardi 12 décembre 1995
Prends l’oseille et tire-toi Woody Allen (États-Unis, 1969)
« Né dans un quartier défavorisé, Virgil a sombré dans la délinquance. Emprisonné, il tente de s’évader puis est libéré après avoir servi de cobaye pour une expérience. Il épouse Louise, une blanchisseuse, et tente un dernier hold-up qui échoue. C’est à nouveau l’engrenage : prison, évasion, reprise. Condamné à huit cent ans de détention. Louise et son fils l’attendent à l’extérieur.
Première mise en scène de Woody Allen, ce film est un hommage au film social de la Warner saupoudré d’humour juif. » (Publié dans le BOcal du 7 déc. 1995)
mardi 14 décembre 1995
Avant-première de En avoir (ou pas) de Létitia Masson (France, 1995)
mardi 19 décembre 1995
The Adjuster de Atom Egoyan (Canada, 1991)
« Ce menaçant adjuster n’est en fait qu’un agent d’assurances, mais traduit, ça faisait moins in. Et dans adjuster, il y a juste, et cet homme est un Juste, un Sauveur dévoué corps et âme à sa cause : reconstruire les styles de vie partis en fumée. Un héros de la Norme. Juste comme sa femme, censeur. Mais à quelle norme appartient ce clochard las ? Cette nymphomane bcbg ? Cette femme qui brûle sa mémoire ?
La réalité chez Atom Egoyan (Family Viewing, Calendar, Exotica) est toujours en-deçà de ses apparences ; la névrose se cache, comme la lettre d’Edgar Poe, en évidence. Détendez-vous. (Vous êtes en état de choc. C’est normal.) Vous pénétrez dans la quatrième dimension. (Faites-moi confiance.) Bienvenue dans le plus inextricable des labyrinthes. (Je vais vous prendre en charge.) Bienvenue dans le plus étrange des mondes. (Tout ira bien.) Bienvenue dans le quotidien. Vous êtes en état de choc. Faites-moi confiance. Je vais vous prendre en charge. Tout ira bien. Vous êtes en état de choc. C’est normal. Votre propre esprit. C’est normal… » (Publié dans le BOcal du 14 déc. 1995)
mardi 9 janvier 1996
Metropolis de Fritz Lang (Allemagne, 1927)
mardi 16 janvier 1996
Une femme dont on parle de Kenji Mizogushi (Japon, 1954)
« Exercice de géométrie amoureuse : soit A, la quarantaine,, tenancière d’une « maison », amoureuse de B, jeune médecin, dont va s’éprendre l’étudiante C, fille de A et déjà en conflit avec celle-ci en raison de son activité. Circonscrivez dans le cercle des semi-geishas de la « maison » et placez en point de fuite H, la future clinique de B financée par A, et une autre vie à la capitale, T. En combien de morceaux le triangle ABC va-t-il éclater ?
Réponse mardi soir avec l’une des œuvres les plus optimistes de Kenji Mizogushi. » (Publié dans le BOcal du 11 jan. 1996)
mardi 23 janvier 1996
Love Streams de John Cassavetes (États-Unis, 1984)
« Avant-dernier film de John Cassavetes. Cassavetes est ce cinéaste qui, après avoir contribué comme acteur à la gloire du grand Hollywood, en prit dans son œuvre le systématique contrepied. Très personnelle, habituellement centrée sur un petit groupe d’acteurs (lui-même, sa femme Gena Rowlands, ses amis Ben Gazzara, Peter Falk, etc.), cette dernière marque sans doute d’entrée du cinéma dans son ère moderne. » (Publié dans le BOcal du 18 jan. 1996)
mardi 30 janvier 1996
Avant-première : Viridiana de Luis Buñuel (Espagne / Mexique, 1961)
mardi 6 février 1996
Johnny Guitare de Nicholas Ray (États-Unis, 1954)
« Votre ciné-club préféré vous offre la semaine prochaine un des chef-d’œuvre du western, l’unique Johnny Guitare. Très apprécié en France (seul pays à lui avoir d’ailleurs réservé un accueil triomphal lors de sa sortie), ce western de 1954 est l’un des meilleurs films de Nicholas Ray (La Fureur de vivre, Wind across the Everglades, Le Brigand bien-aimé, etc.), grand cinéaste dont l’influence reste très importante sur l’écrasante majorité des faiseurs de films, tant européens que nord-américains. À ne pas rater donc. » (Publié dans le BOcal du 1er fév. 1996)
mardi 13 février 1996
Toutes ses femmes de Ingmar Bergman (Suède, 1964)
« Cette semaine au Ciné-club, un film étonnant d’Ingmar Bergman : une comédie pétillante tissée de quiproquos et d’idées loufoques. Le beau sexe y est à l’honneur avec Eva Dahlbeck, visage digne et revolver au fond du sac, Bibi Andersson, papillonnante douceur à consommer sans modération, Harriet Andersson, superbe soubrette, et quelques autres figures : jeune et naïve élève, gazouillante cantatrice, riche mécène avec boa… Le sexe dit fort est dignement représenté par le résistible Cornélius (Jarl Kulle), costume impeccable, sourire Colgate, moustache fine et indéfectible sens du mal-à -propos ; quelque chose comme David Niven qui aurait mangé du Loup de Tex Avery… » (Publié dans le BOcal du 8 fév. 1996)
mardi 20 février 1996
L’Inconnu du Nord-Express de Alfred Hitchcock (États-Unis, 1951)
« « L’une des cinq ou six œuvres d’Hitchcock les plus importantes pour la connaissance du cinéma », selon mon dictionnaire du cinéma. Ce film de 1951 – Strangers on a Train – se situe onze ans après le premier Oscar d’Hitchcock (son entrée triomphale parmi les grands d’Hollywood avec Rebecca), et trois ans avant la série – unique dans l’histoire du cinéma – des grands classiques, de Fenêtre sur cour aux Oiseaux. Il pèse d’un poids très lourd dans les derniers préliminaires, aux côtés de I Confess et de Le Crime était presque parfait : la stylistique du maître est déjà en place, ce (très) subtil mélange d’art du suspense et de travail métaphysique (le thème de l’échange des culpabilités, cher au cinéaste, est ici on ne peut plus à l’honneur), qui fait de lui – François Truffaut, Eric Rohmer, Claude Chabrol et Jean-Luc Godard le virent avant tous – l’un des plus grands créateurs de forme du XXe siècle. » (Publié dans le BOcal du 15 fév. 1996)
mardi 27 février 1996
J’entends plus la guitare de Philippe Garrel (France, 1991)
« Il est des films dont il est difficile de parler au nom de plusieurs. Philippe Garrel est l’unique grand cinéaste français dont les débuts sont postérieurs à la Nouvelle Vague des années 60. Le seul à perpétuellement prendre des risques, à réinventer en permanence son cinéma, capable de se tenir aussi loin mijoté franchouillard que des expériences gratuites et faciles, voire carrément fumeuses (le nullissime Kieslowski de Bleu) dont certains veulent faire l’avenir du « cinéma d’auteur », et cela sans même le secours de quelque médiatisation que ce soit (contrairement à Godard ou Pialat, pour prendre des cinéastes plus âgés).
Garrel est un cinéaste extraordinairement précoce : un premier court-métrage perdu à 14 ans, son premier long en 1967, son premier chef-d’œuvre en 1970 — La Cicatrice intérieure, il a alors 21 ans… Des débuts encore sous l’influence de Godard, les années soixante-dix sous le signe de Nico, sa compagne, chanteuse du Velvet Underground — le groupe de Lou Reed et John Cale patronné par Andy Wahrol. Andy Wahrol dont il voit les films, qui l’impressionnent beaucoup. Garrel met au point son esthétique, récupérant des bouts de pellicule à droite et à gauche, faisant jouer ses amis (comme le fit Cassavetes quelques années auparavant), et surtout Nico que l’on vit dans (presque) tous ses films.
Une décennie chargée de films douvent bouleversants, toujours très étranges ; un cinéma « fauché, personnel et poétique » (Anne Wiazemski) qui continuera sous une autre forme après la séparation (1978) d’avec Nico. Ses films devenus narratifs, moins marginaux, tout en préservant l’essentiel — ce qui fait de lui un artiste unique : un cinéma de l’émotion, de la perception, de la sensation, de la sensibilité et de l’intelligence (ben oui, tout ça à la fois…) qu’aucun autre ne sait faire (je me répète…). Un cinéaste de l’intimité, de la pauvreté, de la minorité aussi (bien que contrairement à Fassbinder il ne s’intéresse pas aux minorités en général : il s’inscrit dans ce qu’il filme — beaucoup de ses filmssont autobiographiques).
L’Enfant secret, Elle a passé tant d’heures sous les sunlights, Rue Fontaine,Les Baisers de secours, Liberté la nuit, La Naissance de l’amour sont les titres de quelques uns de ses derniers films.
J’entends plus la guitare date de 1991 : c’est son avant-dernier film (le prochain sortira cette année), il raconte l’histoire d’une fille (Marianne — Johanna Ter Steege) et d’un garçon (Paul — Benoît Régent). Ils sont jeunes, ils sont underground, ils s’aiment, comme leur couple d’amis (un artiste cynique et sa compagne). Marianne prend de l’héroïne. Puis Marianne quitte Paul, l’autre couple ne tarde pas à se défaire (off). Paul a un enfant d’une autre femme (Brigitte Sy), leur vie se construit lorsque Marianne revient. Elle a tout arrêté, comprend Paul qui la fuit désormais pour garder sa bourgeoise. Elle repart. Paul n’assume pas sa vie bourgeoise (il a une maîtresse — Anouk Grinberg — et commence à détester sa femme). Un jour Paul rentre, et sa femme lui apprend que Marianne est morte (ce n’est qu’à la fin qu’on apprend que ce film est dédié à Nico, suicidée dans les années 80).
Voilà l’histoire, il ne reste plus qu’à voir le film. Il est très beau. » (Publié dans le BOcal du 21 fév. 1996)
lundi 18 mars 1996
Avant-première : Octobre de Pierre Falardeau (Québec, 1994)
« Octobre, de Pierre Falardeau, confirme la vivacité actuelle du cinéma canadien québécois. Un nombre toujours de plus en plus important de ces films passent l’Atlantique, et ils font les beaux jours des festivaliers, à Cannes, Venise ou Berlin.
En octobre 70, l’ambassadeur des États-Unis est enlevé en compagnie d’un ministre québécois par le Front de Libération du Québec. Dix jours de captivité vus sous l’angle des terroristes, dans un film alerte qui, nous l’espérons, vous plaira beaucoup.
La projection sera suivie d’un débat avec Carlos Pardo, journaliste au Monde diplomatique.
Octobre a reçu le prix du meilleur film québécois de l’année au festival de Montréal 95, la salamandre d’or (prix du public) du festival du cinéma québécois de Blois 95, et le prix du public du festival Travellings à Rennes en 96 » (Publié dans le BOcal du 14 mar. 1996)
mardi 19 mars 1996
La Dame de Shanghaï de Orson Welles (États-Unis, 1947)
« La Dame de Shanghaï, de l’incontournable Orson Welles. Le seul à avoir tenu ce pari fou de filmer / détruire les légendes vivantes (Citizen Kane date de 1941) en même temps qu’il en constituait, par sa vie même, une nouvelle. Car la légende de Welles, le pouvoir objectif qu’il eût à une certaine époque, sont bien supérieurs en fait à ceux de Kane ou de M. Arkadin. Nul n’a autant trafiqué sa biographie : voir un film de Welles, c’est autant suivre une histoire souvent fascinante (filmée par un très grand cinéaste) qu’être le témoin obligé des pérégrinations d’une légende vivante.
Lors du tournage de La Dame de Shanghaï, la renommée de Welles commence à s’altérer (il eut sa décennie de gloire entre 20 et 30 ans) ; il n’en signe pas moins un très, très beau film noir, sans doute sous-évaluée par certains, échec commercial qui s’inscrit pourtant dans la gestation des chefs-d’œuvre qui suivront immédiatement : Othello, M. Arkadin, La Soif du mal… » (Publié dans le BOcal du 14 mar. 1996)
mardi 26 mars 1996
Ivan le Terrible de Sergueï Eisenstein (URSS, 1944)
vendredi 29 mars 1996
Avant-première : La Momie à mi-mots de Laury Granier (France, 1998)
« Le Ciné-club est heureux de vous inviter à la deuxième avant-première du mois de mars, La Momie à mi-mots de Laury Granier. Ce film particulièrement original est l’aboutissement d’un travail de longue haleine mené dans le cadre d’une réflexion aiguë, tant sur les techniques du montage que sur la façon d’intégrer d’autres arts (danse, musique, peinture…) dans un spectacle filmé. Le film est court (45 minutes environ), dense, et extraordinairement travaillé (la réalisation a duré sept ans). La présence au premier plan d’une danseuse aussi extraordinaire que Carolyn Carlson, et l’enchaînement particulièrement harmonieux des images et des sons que l’on trouve dans ce film méritent que l’on s’y attarde.
La séance sera suivie d’un débat avec le réalisateur (hélas, Jean Rouch ne pourra pas être là).
Signalons également que Michèle Finck, co-scénariste du film dont nous espérons également la présence est archicube, et que la salle Dussane verra la troisième projection publique de la version définitive du film, après la Cinémathèque française et la Cinémathèque universitaire de Censier. » (Publié dans le BOcal du 28 mar. 1996)
mardi 2 avril 1996
Numéro 2 de Jean-Luc Godard (France, 1975)
« C’est une tradition au ciné-club, (c’est la quatrième année consécutive) : il y a deux Godard par an. Après Le Mépris au début de l’année, nous sommes particulièrement contents de pouvoir montrer ce film-là, beaucoup plus rarement projeté (juste pour me contredire, il est passé à la Cinémathèque il y a une semaine… disons que c’était la première fois depuis au moins trois ans qu’il passait à Paris). Le film date de 1974, c’est l’un des plus importants des années 70, période aride et militante où Godard s’est fait mao, théoricien, pédagogue et ici féministe, sans perdre pour autant son âme : les thèmes traités, les problèmes posés sont dans la continuité du Mépris, de Vivre sa vie et surtout de La Chinoise. Le cinéaste adopte une façon de voir nouvelle pour lui (tout-est-politique) sans changer d’un pouce ses préoccupations : la communication, le couple, et bien sûr, le cinéma.
À voir donc comme objet rare, document passionnant, mais surtout comme exemple de ce que l’on peut attendre du cinéma dans une perspective militante, comme l’un des rares films qui méritent vraiment cette étiquette fanfaronne : celle du cinéma engagé. » (Publié dans le BOcal du 28 mar. 1996)
mardi 9 avril 1996
Zazie dans le métro de Louis Malle (France, 1960)
mardi 16 avril 1996
J’ai le droit de vivre de Fritz Lang (États-Unis, 1937)
« Un film de 1937 avec Henry Fonda, et signé Fritz Lang. Fritz Lang est ce cinéaste qui, après avoir incarné la splendeur des studios allemands d’avant-guerre (Metropolis, M le Maudit…), refusa la direction du cinéma allemand proposé par Goebbels et s’enfuit (la nuit même, dit la légende) d’abord pour la France (Liliom, 1934), puis pour les incertitudes d’Hollywood. J’ai le droit de vivre est l’un des premiers de ces « Langs américains » qui furent redécouverts après-guerre — Lang s’adapte aux exigences de la démocratie américaine, en accepte les genres cinématographiques pour mieux poursuivre son étude de l’homme moderne. « J’ai compris en réalisant Fury, que dans une dictature, le héros, c’est l’homme du peuple. » Au-delà de l’apparente banalité de l’idée, c’est toute la trajectoire de Lang qui se trouve résumée dans cette citation : celle d’un homme qui a consacré son œuvre à comprendre les évolutions de l’homme et des masses dans le siècle. Dans ce film noir, il développe pour la deuxième fois ce qui lui semble — déjà — être l’une des grandes questions de la société américaine, celle de la peine de mort, dans un film particulièrement poignant. » (Publié dans le BOcal du 11 avr. 1996)
mardi 7 mai 1996
Barton Fink de Joel et Ethan Coen (États-Unis, 1991)
mardi 14 mai 1996
Paris, Texas de Wim Wenders (France/RFA, 1984)
mardi 21 mai 1996
Ce bon vieux Sam de Leo McCarey (États-Unis, 1948)
mardi 28 mai 1996
Les Quatre cent coups de François Truffaut (France, 1959)
« Ce mardi le Ciné-club vous propose un grand classique de la Nouvelle Vague : Les Quatre cent coups de François Truffaut avec Jean-Pierre Léaud dans le rôle désormais mythique du jeune Antoine Doinel. La fraîcheur et la spontanéité de l’interprète et du cinéaste recréant sa propre jeunesse (on plaint les parents Truffaut) allaient faire entrer l’un et l’autre au Panthéon du cinéma français. » (Publié dans le BOcal du 23 mai 1996)
mardi 4 juin 1996
Le Maître du logis de Carl Theodor Dreyer (Danemark, 1925)
« Ce film danois muet réalisé en 1925 par Carl Theodor Dreyer conte l’histoire d’un tyran domestique, Viktor, qui accable la mère de ses trois enfants de corvées ménagères. Mais la belle-mère de Viktor et sa vieille nourrice s’offusquent de ces injustices, et, quand la jeune Ida doit partir soigner sa dépression, elles complotent un stratagème qui fera prendre conscience à Viktor de son erreur. Le film se finit bien.
De ce scénario niais comme pas deux, Dreyer a tiré un film d’une virtuosité sans égale. L’occasion — plutôt rare — de projeter un de ces grands films du cinéma muet que l’on peut difficilement voir en dehors des ciné-clubs. Dreyer est notamment le cinéaste qui a réalisé les Pages arrachées au livre de Satan, que les plus âgés d’entre nous ont pu voir il y a deux ans en salle Dussane. » (Publié dans le BOcal du 30 mai 1996)
mardi 11 juin 1996
Chien enragé de Akira Kurosawa (Japon, 1949)
« Pour sa dernière séance de l’année scolaire le Ciné-club va, une fois n’est pas coutume, contribuer à entretenir un malentendu. En effet, si le premier nom qui vient à l’esprit d’un Occidental lorsqu’il pense à un cinéaste japonais est celui d’Akira Kurosawa, les Nippons, eux, ont généralement du mal à voir en quoi Kurosawa est japonais… On pourra le vérifier mardi soir avec ce film noir dans la meilleure tradition américaine, suivant la dernière cavale d’un criminel « dangereux comme un chien enragé ». En 1948, soit trois ans après le débarquement dans l’archipel des GIs et du cinéma hollywoodien, Kurosawa rend hommage au genre qui engendra, entre autres Le Faucon maltais, Le Port de l’angoisse, Le Grand Sommeil, et innove stylistiquement en fusionnant son sujet avec le rythme, avec la matière même du film — réalisant un polar comme aucun américain n’en fera avant trente ans.
Une nuit haletante et chaude, très chaude en perspective. » (Publié dans le BOcal du 6 juin 1996)