
Couleur.
Pays : Israel.
Année : 2007.
Avec : Sasson Gabai, Ronit Elkabetz, Saleh Bakri.
Copie 35 mm
Rapide synopsis : Un jour, il n’y a pas si longtemps, une petite fanfare de la police égyptienne vint en Israel. Elle était venue pour jouer lors de la cérémonie d’inauguration d’un centre culturel arabe. Seulement à cause de la bureaucratie, d’un manque de chance ou de tout autre concours de circonstance, personne ne vint les accueillir à l’aéroport. Ils tentèrent alors de se débrouiller seuls, pour finalement se retrouver au fin fond du désert israélien dans une petite ville oubliée du monde. Un groupe de musiciens perdu au beau milieu d’une ville perdue. Peu de gens s’en souviennent, cette histoire semblait sans importance…
Comme d’habitude, l’entrée coûte 4 euros, 3 pour les membres du COF et vous avez la possibilité d’acheter des cartes de 10 places pour respectivement 30 et 20 euros.
Proposition d’analyse
Nouveau au Ciné-club : trouve le bon synopsis !
(A.) NORMAN FAIT DES SYNOPSIS : Premier film du cinéaste israélien Eran Kolirin, La Visite de la Fanfare revisite les classiques du cinéma comique et invite le spéctetaur dans un univers loufoque, où chaque situation est propice à un quiproquo irrésistible. Il s’agit de suivre l’inflexible Tawfiq, chef d’orchestre de la fanfare de la police égyptienne invitée pour l’inauguration d’un centre culturel arabe à Beit Hatikva. Alors qu’il se retrouve avec sa troupe oublié au milieu d’une gare routière qui ne regarde que ce groupe de militaires maladroits et un peu rigides dans leurs costumes bleus trop étroits, il charge Khaled, le trompettiste playboy de l’orchestre, de demander le chemin à la charmante hôtesse d’accueil. À la faveur des hésitations linguistiques de Khaled, la troupe se perd dans un petit village israélien. Il faudra alors se plier en quatre (au sens propre et au sens figuré!) pour se faire accepter des habitants. C’est aussi l’occasion de peindre une ville irrésistiblement vide, qu’habitent quelques âmes un peu dans la lune et parfois clownesques, tentant tant bien que mal d’aider la fanfare à regagner leur chemin ! Situations embarassantes, jeux sur la barrière de la langue et sur les différences culturelles, peinture de personnages hauts en couleurs, tout y passe dans cette comédie tordante !
(B.) LE SPLEEN DU MUSICIEN : Tawfiq en avait pourtant conscience : être invité là, dans ces circonstances, pour inaugurer le centre culturel arabe de Petah Tikvar, l’honorait, et avec lui toute la fanfare de l’Orchestre Cérémonial de la Police d’Alexandrie. Il faudrait se comporter dignement, porter la tête haute et faire preuve d’élégance vis-à-vis de ses hôtes. Alors que l’accueil des autorités locales est très largement laconique, il garde la face devant se musiciens, mais perdu dans le désert israélien, abandonné par son ambassade et devant demander l’hospitalité auprès des habitants d’un village isolé, tout s’écroule autour de lui. Pris tristement dans les filets de Dona, le regard un peu mélancolique, il joue le jeu de son hôte sans y croire. Il a la tête ailleurs. Il pense à avant, à la pêche le samedi et à sa femme. Il pense à comment les choses auraient pu être s’il s’était comporté différemment, et il se demande s’il mérite sa solitude. Blessé et dépité, il erre dans les rues désertes de Beit Hatikva. Lui qui avait décider de mener encore une fois avec fierté la fanfare de la police égyptienne, il se couche loin de chez lui, seul au fond de son lit froid et vide.
(C.) LA DAME EN ROUGE : Dans son appartement un peu sombre, Dona s’ennuie. Il faut dire que le restaurant ne marche pas très fort en ce moment. Si, il y a bien Papi en terrasse aujourd’hui, mais il a la tête ailleurs. Il pense à son rendez-vous de ce soir, avec sa belle, et à la balade qu’ils feront dans la décapotable rouge dans les rues de Beit Hatikva, avant d’aller danser au disco-roller. Il espère qu’elle riera avec lui sur la piste quand il lui avouera qu’il ne sait pas faire de patins à roulettes, et qu’elle lui dira que c’est pas grave, qu’elle n’est pas vraiment là pour les rollers. Il espère qu’elle saura y faire, parce que lui c’est la première fois qu’il invite une fille à danser. Alors sur la terrasse du restaurant il regarde loin dans le vide de la ville et il se rejoue la scène dans sa tête, avec néons et musique disco. Dona le voit rêveur et elle se dit que ça fait longtemps qu’elle n’a pas invité quelqu’un à danser. Il y a bien Sammy qui lui fait de l’oeil le soir quand ils se croisent à la sandwicherie. Mais elle ne met pas sa robe rouge pour lui. Elle la garde pour son bel amant qui viendra bientôt, elle espère, lui qui aura la voix de ses acteurs des films arabes qui passaient le samedi après midi et qui vidaient les rues, avant. Il faudra qu’il lui chante doucement son amour et qu’il l’emmène loin, en lui parlant avec des mots qu’elle comprendra parce qu’ils auront la musique qu’elle entend depuis toujours. Mais elle l’attend toujours et ses cheveux noirs sont attachés. Elle s’ennuie. Un jour, une troupe de musiciens égyptiens débarque dans sa vie…
Réponse : La Visite de la Fanfare, premier film de Eran Kolirin, est un peu tout ça à la fois. Comédie douce-amer qui peint des personnages à la présence mélancolique et à la maladresse touchante, ce film charme par son élégance graphique et atmosphère doucement émouvante. C’est aussi un film plein d’un humour froid mais efficace, aux nombreuses situations embarassantes, soulignées par un montage sobre. C’est enfin l’histoire d’amours en suspension, entre ceux qu’on espère et ceux qu’on se rappelle, ceux qu’on attend et ceux qu’on attend pas.
Enfin, comme indiqué dans le carton introductif du film, il conviendrait peut-être de dresser le synopsis suivant :
(D.) “Once, not long ago, an Egyptian Police band arrived in Israel. Not many remember this…it wasn’t that important.”
J’espère que vous vous en souviendrez …
Bastien