Le Trésor de La sierra Madre de J.Huston
(mardi 15 septembre 2015, 20h30)

C’est Le Trésor de la Sierra Madre que nous avons choisi pour ouvrir cette nouvelle année du Ciné-Club. Digne des plus illustres tragédies grecques, ce mystérieux film aux faux airs de western ne vous laissera certainement pas indifférents…

Et pour résumer :

Rendez-vous le mardi 15 septembre 2015, 20h30
en salle Dussane, au 45 rue d’Ulm
pour voir et revoir
Le Trésor de la Sierra Madre
de John Huston

Proposition d’analyse

Synopsis (ATTENTION SPOILERS !)

Dobbs (Humphrey Bogart) et Curtin (Tim Holt) sont deux Américains venus, sans réel succès, tenter leur chance au Mexique. Suite à la rencontre d’Howard (Walter Huston, père du réalisateur), vieux prospecteur expérimenté, ils se lancent tous trois dans l’exploration de la Sierra Madre dans l’espoir d’y trouver de l’or. Mais alors que la chance leur sourit, leur décision de partager le butin au fur et à mesure de la prospection révèlera la personnalité de Dobbs et entraînera la discorde au sein du groupe puis, finalement, au cœur d’un environnement hostile et aride, la folie.

Présentation

L’histoire se déroule au Mexique, dans les années 1920, donc peu après la fin de la longue succession des coups d’état qui eurent lieu entre 1910 et 1920. À cette époque, d’anciens révolutionnaires se sont regroupés en bandes et sévissent dans le pays tout en se cachant de la répression fédérale dans la Sierra Madre, gigantesque chaîne montagneuse recouvrant le nord et le centre du Mexique. Réputée dangereuse d’une part pour la présence de ces bandits, la Sierra Madre représente avant tout une difficulté naturelle évidente pour les aventuriers qui tentent d’y dénicher des filons d’or.

Contrairement à ce qu’on pourrait penser, Le Trésor de la Sierra Madre n’est pas un Western, d’abord pour la simple raison que l’action du film ne se déroule pas dans l’ouest des États-Unis. Afin d’insister sur ce point, John Huston a par ailleurs tenu à en tourner la quasi-totalité des scènes de jour au Mexique, ce qui en fait un des premiers films hollywoodiens à avoir été tourné en majorité hors des studios. Plus proche du film d’aventure (l’affiche du film n’est d’ailleurs pas sans rappeler celle d’Indiana Jones et le Temple Maudit), Le Trésor de la Sierra Madre est avant tout l’adaptation du roman éponyme de B. Traven, écrivain allemand aux idées anarchistes et à l’identité restée longtemps mystérieuse. Ayant quitté l’Allemagne puis s’étant établi au Mexique dans les années 1920, sa propre expérience n’aura sans doute pas été sans influence sur son œuvre.

Le scénario du Trésor de la Sierra Madre n’a donc que très peu en commun avec un récit folklorique sur l’Ouest américain, et se rapproche en réalité bien plus de la tragédie que les scénarios typiques de Western. On retrouve par exemple en la personne d’Howard le vieillard jovial, plein de bon sens et d’expérience, alors que le personnage de Dobbs, derrière des airs d’assurance et de maîtrise de soi, sera fatalement amené à payer le prix fort pour son manque de sagesse et d’écoute. Plus tragique encore est l’issue ironique du film ainsi que la manière dont Howard, tel un oracle, la devine et la résume à ceux qui en seront les victimes dès les dix premières minutes du film: « Je sais ce que l’or fait de l’âme humaine. »

– Nicolas