Programmation ACID
Mais c’est plus compliqué, plus punk, le roi porte des talons aiguille, la reine veut rattraper le temps perdu, leurs héritiers se rebellent.
Rien ne va plus, Pauline s’arrache.

Pauline a quinze ans, Pauline vit chez ses parents. Son père, ancien travesti exubérant, et sa mère, ex-reine de la nuit, prennent de la place. Difficile d’exister entre ces deux personnalités qui s’aiment douloureusement. Les disputes se succèdent, les mots sont durs, les portes claquent. Quand sa sœur ainée Anaïs quitte le foyer familial, Pauline se retrouve seule avec ses parents. En quête d’un appui, Pauline vit une histoire avec Abel, mais les amours adolescentes sont complexes et comment vivre une histoire heureuse lorsqu’autour de soir, tout se délite ?
Si les films sur l’adolescence sont nombreux, Pauline s’arrache ne ressemble pourtant à aucun autre. Ce premier long métrage d’Émilie Brisavoine n’est pas une fiction, mais plutôt une forme de documentaire. Émilie Brisavoine est la demi-sœur de Pauline, elles ont la même mère. Pendant quatre ans, elle filme cette famille, qui est un peu la sienne, au gré des disputes, réconciliations, moments de joie ou de tristesse. Le tournage est minimaliste, commencé sans budget, l’image est âpre, tournée avec différentes caméras vidéos, en différents formats, parfois de mauvaise qualité. À partir de ces centaines d’heures de rushs, Émilie Brisavoine a su construire une narration cohérente, grâce notamment au travail de montage de Karen Benainous. Le film ne cherche pas à être une biographie exhaustive de l’adolescence de Pauline, mais plutôt un récit construit à partir de plans purement documentaires.
En quatre ans de tournage, Pauline grandit, change beaucoup, ses parents également. Par la proximité entre Émilie, sa caméra et les protagonistes, ce regard agit comme une forme de thérapie. Il pousse Pauline et ses parents à une forme d’introspection. Le film lui-même fait évoluer celle qui est filmée.
Dur et drôle à la fois, ce film atypique fonctionne merveilleusement bien, entraînant le spectateur dans l’univers de cette famille punk rock. Lorsque les lumières se rallument, difficile de s’arracher à ce comte des temps modernes. À voir !
– Arthur